Une fois le théâtre des opérations décidé,( le Damaraland) il nous fallait définir un itinéraire.
La chose n'est pas aisée, car peu de francophones connaissent bien le pays, et encore moins le Damaraland.
On trouve de nombreux renseignements sur la Namibie sur les forums consacrés aux voyages, mais peu de choses sur le Damaraland, et rien sur l'utilisation des 4x4 telle que nous l'avions prévue. Les 4x4 loués sur place, sont utilisés, dans tous les témoignages lus,  sur les routes et grandes pistes, au même titre qu'une voiture classique
Je remercie Daniel Cazin pour ses photos qui m'ont donné l'envie de découvrir ces paysages du Damaraland.
J'ai parcouru pendant des semaines les forums 4x4 sud-africains à la recherche d'informations sur des itinéraires possibles dans le Damraland.
Après de nombreux échanges de mails avec les Sud-Africains (des raiders 4x4 dans l'âme...), j'ai pu glaner des informations me permettant de verifier la faisabilité de l'itinéraire projeté, dans la traversée du Damaraland.

Tous les connaisseurs de cette région, , sans exception , m'ont
mis en garde sur un tel voyage:
- d'une part à cause de l'éloignement des pistes fréquentées, de la progression dans des zones totalement désertiques et quasiment pas parcourues.
les risques de panne mécanique, de problèmes de santé peuvent s'avèrer vite très grave...
Le fait de partir à 3 véhicules, possédant une autonomie carburant et eau suffisante, en emportant avec nous un surplus de matériel, limitaient les risques mécaniques.
Sur le plan santé, la présence de deux médecins sur les 6 adultes, avec une trousse à pharmacie digne de ce nom, était une sécurité.
Le chapitre des communications a été soigné, avec moyens de communications entre les véhicules, et téléphone satellite comme  matériel de sécurité.
- d'autre part, le risque d'évoluer dans  des territoires peuplés d'animaux sauvages (hors des reserves) induit un risque liés à ces animaux (éléphants, rhinoceros noirs, guépards et autres félins). Le camping sauvage (que nous avons pratiqué en permanence) , n'est pas recommandé.. voire fortement déconseillé!
- Par ailleurs, l'ensemble de mes interlocuteurs a insisté sur la préservation d'un milieu naturel extrêmement fragile au niveau de la flore en particulier, mais aussi des animaux. Toute incursion de l'homme dans ces régions est une agression pour les animaux sauvages (qui, contrairement à ceux qui vivent dans les parcs, ne sont pas su tout habitués à la présence de voitures et d'humains), et le plus grand respect de leur tranquillité et de leur isolement m'a été imposé avec insistance. Nous avons suivi ce precept tout au long de notre voyage, essayant de dénaturer le moins possible les endroits ou nous sommes passés, en laissant le minimum de traces  de notre passage, particulièrement sur les bivouacs.

Je remercie et je rends hommage à Jan Joubert, (Africain du Sud), grand connaisseur du Damaraland , qui a ouvert de nombreux itinéraires 4x4 dans cette région.
Son livre (4x4 routes in Namibia) m'a été d'une aide précieuse dans la préparation de l'itinéraire, mais aussi sur le terrain.
Jan Joubert a été sauvagement assassiné en Juin 2006 dans une région reculée de l'Est de la Namibie.
Il était seul en 4x4, en reconnaissance pour de nouveaux itinéraires 4x4. Il a été tué par balle, par 2 individus, dans le seul but de le détrousser et de lui voler le véhicule et son matériel de bivouac.
La Namibie nous est apparu comme un pays "sûr" , mais ce meurtre montre qu'il existe un risque réel, en tous cas si l'on n'évolue pas en groupe...
 

ITINERAIRE DAMARALAND

cliquez sur l'image ci-dessus pour afficher en grande taille le tracé suivi

- Nous avons décidé de traverser le Damaraland depuis le SpitzKoppe jusqu'à Kamangab, pour ensuite rejoindre (pour la fin du séjour) le parc d'Etosha (destination plus classique et touristique, pour permettre aux enfants de voir le maximum d'animaux , si , par hasard, nous n'aurions pas eu l'opportunité d'en voir avant)
- Nous avons eu également envie de parcourir les dunes du Namib, avec nos 4x4, et d'y bivouaquer au moins une nuit. Les plus belles dunes s'étendent sur plusieurs centaines de kilomètres au Sud de Walvis Bay, mais cette option nous aurait trop éloignés du Damaraland.
Nous avons donc décidé une rapide incursion dans le massif dunaire entre Swakopmund et Walvis Bay.
Cela imposait une liaison rapide Windhoek- Swakopmund par la route, et ensuite  une remontée mixte (piste / Valley of the Moon, soumise à une autorisation d'entrée [permit required] délivrée par le ministère du Tourisme, puis reprise du goudron) vers le SpitzKoppe.
- A partir du SpitzKoppe, nous allions nous engager pour 8 jours d'autonomie complète (nourriture, carburant, eau) , dans le Damraland:
Les points forts prévus de cet itinéraire étaient :
Le Messum crater
Le tour du massif du Brandberg
La remontée des rivières asséchées  en hiver (Ugab, Huab, Goatambag rivers) à la recherche des éléphants du désert
La région du Doros Crater
La région de Twifelfontein
- Nous y avons rajouté, une brève incursion vers Cape Cross (et ses otaries à fourrure) et la skeleton coast.

Nous avons repris routes et pistes ouvertes un peu avant Kamangab, pour rejoindre Etosha (ou nous avions réservé 3 nuits dans les camps)
Le retour s'est fait en direct, au plus court par la route depuis Etosha jusque Windhoek (avec une nuit d'étape à Gross Barmen)

PREPARATION PRATIQUE DE L'ITINERAIRE :
- information données par les raiders Sud-Africains par échange de mails
-informations de Jan Joubert  par échange de mails,  et par son livre "4X4 Routes in Namibia"
- préparation des étapes sur l'ordinateur avec cartes numérisées 1/50.000 Namibie, à la recherche de pistes, et d'itinéraires hors pistes praticables en fonction du relief.
Cette phase de préparation et conception de l'itinéraire avec fabrication de waypoints  s'est étalée de Novembre 2005 à Juillet 2006. Loin d'être une contrainte, cette étape fait, à mon sens, partie intégrante du voyage. Elle permet d'imaginer le terrain, les difficultés d'orientation et de progression. On est déjà, bien avant le départ, un peu "sur le terrain".
Cela nécessite bien sur , un peu d'expérience dans la lecture et l'interprétation des cartes, dans la pratique du terrain rencontré (que je n'avais pas... ne connaissant pas le Namibie... mais interpolée à partir d'expériences antérieures de progression en milieu désertique, comme le Sud Maroc par exemple), et dans l'utilisation de logiciels de navigation sur PC (pour ma part oziexplorer)
La plupart des pistes 4x4 du Damaraland es à l'abandon (anciennes pistes de mines désaffectées), ou très peu utilisées (quelques véhicules par an maximum). De ce fait, elles ont peu visibles sur le terrain. Il existe souvent des embryons de pistes ou des pistes fantômes qui s'entrecroisent pour finir par disparaître. Cela rend la navigation sur le terrain, difficile ! ...  
De plus, les cartes de Namibie détaillées (1/50.000) , déjà anciennes, montrent des pistes qui n'existent plus dans la réalité , ou a contrario, ne mentionnent pas des pistes pourtant  mieux tracées. , car plus récentes. Bien entendu, les cartes routières ne sont d'aucune utilité, pour un tel itinéraire...
Dans les rivières, aucune piste n'est visible sur la cartographie, alors que des traces existent dans le lit assèché (mais éphémères car disparaissant à la saison des pluies)

- Un recoupement a été fait ensuite, une fois les waypoints et les routes (itinéraire journalier)  crées, avec l'utilisation des photos satellites de Google Earth, qui couvrent une bonne partie de notre itinéraire , en photos "haute définition"
Il a fallu charger en résolution maximum, sous Google Earth, les zones géographiques intéressées. La visualisation des waypoints crées dans oziexplorer, a permis d'affiner les repères, de rajouter ou d'enlever des points, et d'avoir une vision "virtuelle" assez exacte de notre terrain d'évolution.

Une grande satisfaction, a l'issue du voyage, a été  l'exactitude de la planification qui avait été réalisée dans la phase de préparation (waypoints créés aux points remarquables et importants [changement de direction, croisement de pistes...], longueur " adaptée" des étapes, consistance et relief du terrain comme je l'avais imaginé)
Dans le cas de ce voyage, tout s'est déroulé comme il avait été prévu.
Des dizaines de waypoints avaient été chargés sur nos GPS, que nous avons suivis sans mauvaise surprise et avec un minimum d'improvisation. 
La cartographie numérisée et les photos satellites Google Earth, nous ont accompagné, faisant partie intégrante de notr
e matériel de navigation embarquée

 
Afin de vous rendre compte de l'intérêt et de la précision des photos satellites Google Earth,
j'ai reproduit quelques copies d'écran sur Google Earth d'endroits "remarquables"
On peut voir la précision de certaines photos (toutes ne sont pas malheureusement en haute définition)
En cliquant sur les vignettes ci-dessous, vous verrez la photo Google Earth en grand format..
avec la trace GPS enregistrée et superposée... 
et en survolant cette photo avec la souris,
il va apparaître une photo "réelle" correspondant à cet endroit géographique:

Étonnant ! non ? on peut parler de navigation virtuelle...

Cliquez sur les miniatures... puis survolez  à l'aide de la souris la photo de la page qui s'est ouverte


MISE EN GARDE
Comme déjà signalé, la région du Damaraland est désertique, presque totalement inhabitée.
Elle est à l'écart des itinéraires classiques, et il ne faudra compter sur aucune aide extérieure en cas de problème.

S'égarer dans une telle zone géographique peut conduite à une tragédie.
Pour preuve, en 2003, un couple de Hollandais parcourait en 4x4 la région du Doros Crater (sans doute la plus reculée et difficile d'accès du Damaraland)
Pour des raisons inconnues, il sont tombé en panne de carburant, après s'être égarés. Totalement sans repères, il ont tenté de retrouver leur chemin  à pieds , sans succès...
Au bout de 16 jours, après avoir épuise leurs reserves d'eau et de nourritures, ils ont été trouvé par des recherches héliportées.
Seule la femme était encore vivante, en grande déshydratation, elle a pu être sauvée.
Son mari, à ses cotés , était mort depuis plusieurs jours

Cette histoire est survenu  quelques semaines  après que des touristes allemands, en 4x4 s'étaient perdus dans cette même zone du Doros Crater,
tournant en rond depuis 4 jours.
Ils ont eu la chance de tomber sur un 4x4 Sud Africain qui passait par là et qui les a trouvé par hasard, ce qui les a sauvé
Plus d'info
ICI et  ICI et  ICI


LA PROCHAINE FOIS.... PEUT-ETRE...


La Namibie est tellement vaste que d'autres voyages pourraient être envisagés dans l'avenir
On se verrait bien déjà à préparer:
- traversée Sud-Nord des dunes du désert du Namib entre Lüderitz et Walvis Bay :
400 km de hors-pistes dans les plus hautes dunes du Monde (parait-il)
- remontée intégrale de la Skeleton Coast pour rejoindre le Kaokoland
- territoire des tribus Himbas
- Epupa et Rucana falls  à la frontière de l'Angola