DRAMATIQUE ACCIDENT DE CANYONING

 

 

 

 

Ce 7 Mars 1999, après de fortes et subites chutes de pluie, les rivières de l'Est ont brutalement augmenté leur débit, provoquant une montée d'eau qui a surpris plusieurs groupes de canyonneurs engagés dans la rivière Ste Suzanne (canyon sans difficulté majeure). Par malheur, un des membres du groupe a été emporté par la "vague"... Son corps a été retrouvé le lendemain par l'équipe du PGHM. Les autres canyonneurs portés disparus, ont été récupéré sains et saufs, fort heureusement.

Sans aucune polémique, cet accident révèle une nouvelle fois les consignes de prudence et de sécurité quant a la METEO, en particulier dans notre Ile... Il semble que dans ce cas particulier, le phénomène en cause, (la formation d'une vague) ait été un phénomène brutal et exceptionnel, qu'il était difficile de prévoir.

Nous vous donnons lecture des coupures de presse relatant ce dramatique accident...tout en ne prenant pas pour argent conptant l'ensemble des informations journalistiques ! Il faut savoir que les accidents sont extrêmement rares en canyoning à la Réunion, malgré le nombre sans cesse croissant de participants et le niveau parfois élevé des canyons pratiqués, cela explique l'émotion ressentie sur l'Ile.


 

( Documents Le Journal de l'Ile)

 

 

 

 

 

 

Dimanche 07 Mars 1999

Rivière Sainte-Suzanne : surpris par les pluies torrentielles sur les hauts de l'île

Quatre canyoneurs portés disparus

Hier, en début d'après-midi, un groupe de canyoneurs est surpris par un mur d'eau dans la rivière Sainte-Suzanne. Dans la soirée, quatre membres de l'équipe étaient portés disparus, en dépit d'importants moyens de secours déployés par le corps des sapeurs-pompiers et la gendarmerie.

20h36, hier soir, les sapeurs-pompiers de Sainte-Suzanne et de Sainte-Marie regagnent leur caserne respective. Les recherches pour retrouver quatre personnes, dont un touriste, appartenant à une équipe engagée dans une sortie de canyoning sur la rivière Sainte-Suzanne - bassin Buf- reprendront ce matin dès 7h. Malgré des recherches rapidement engagées dès l'alerte, qui s'est déroulée en deux temps, les six autres membres du groupe, regroupés autour d'une fourgonnette où sont stockés mousquetons, casques, et cordes de rappel, sont contraints de se rendre à l'évidence : il n'y plus a plus rien à faire, la nuit noire qui étouffe Bagatelle rend vaines toutes recherches.
Quelques heures plus tôt, en début d'après-midi, l'expédition se serait laissée surprendre par une brusque montée des eaux provoquée par les importantes précipitations du jour.
14h36 le standard du service départemental d'incendie et de secours (SDIS) vire au rouge. L'alerte, donnée par une femme non identifiée, est précise : quatre personnes ont été emportées par les eaux. Peu après, nouvel appel, même source : "Les vacanciers ont été retrouvés" et sont regroupés sur la berge. A 16h15, le SDIS est de nouveau en branle, il est question cette fois d'une seule personne portée disparue. Mais ce n'est pas fini : à 18h, le SDIS est de nouveau contacté et cette fois il est de nouveau question de la disparition de quatre personnes !
Dans l'après-midi, les sapeurs-pompiers de Sainte-Suzanne, appuyés par l'hélicoptère de la gendarmerie avaient entamé des recherches mais en vain. Le responsable de l'expédition, sans doute choqué, et qui n'a pas souhaité s'exprimer sur les conditions de cette entreprise, a inspecté en vain les berges de la rivière jusqu'à ce que tombe la nuit. Deux sapeurs-pompiers de Sainte-Suzanne effectuaient pour leur part le guet au niveau du radier de Sainte-Suzanne, submergé et fermé à la circulation, hier soir encore. En début de soirée les sapeurs-pompiers de Sainte-Marie, équipés de lampes puissantes sur leur véhicule étaient appelés en renfort. En présence du major Delaunay, de la compagnie de gendarmerie de Sainte-Marie, du commandant du centre de secours principal de Saint-Denis, les secouristes tentaient de trouver une faille dans la nature, afin d'accéder aux différents bassins - Nicole, Boeuf, Grondin -, mais en vain. Dans le mugissement de la rivière Sainte-Suzanne, les sapeurs-pompiers, apprenaient que les recherches étaient abandonnés provisoirement et qu'elles rendraient dès 7h, ce jour.
J.-B.C_

Le témoignage de kayakistes de l'Est

"Un mur d'eau"

Des kayakistes qui s'apprêtaient à effectuer une descente de la rivière du Mât témoignent de la brutalité des arrivées d'eau dans les bas hier en tout début d'après-midi.

Contrairement aux randonneurs et autres amateurs de canyoning, les kayakistes confirmés ne redoutent pas la pluie qui, en gonflant les cours d'eau, leur permet d'exercer tous leurs talents en se jouant des obstacles. Hier après-midi, les conditions pouvaient donc sembler idéales avec l'apparition d'une pluie bienvenue alors que la saison cyclonique, en principe propice aux activités d'eau vive, n'a pas provoqué de montées de niveau particulièrement remarquables ces derniers mois.
Pourtant, cette fois, c'en était trop : après avoir roulé plusieurs kilomètres en amont du pont de la rivière du Mât, venant de Bras-Panon, sur le CD 48, ils notaient une hausse de plus en plus impressionnante du débit. Et, avant même d'atteindre le point de mise à l'eau des kayaks, tombaient sur un véritable mur d'eau. Une kayakiste du groupe, loin d'être novice, décrit même une "vague" comme elle n'en a jamais vu en huit années de pratique.
Aussitôt, ils effectuaient un demi-tour, pour alerter d'autres pratiquants, moins chevronnés, installés beaucoup plus en aval, où prévalent des conditions plus calmes. Heureusement, dans cette partie basse de son cours, le lit de la rivière du Mât s'élargit, permettant au flot de s'étaler et à la vague de perdre de sa puissance. Il n'en est malheureusement pas de même en amont, où l'étroitesse des gorges transforme le moindre torrent en tueur potentiel en cas de crue.
F. M.-A.

A la Réunion :
des crues foudroyantes

Contrairement à l'Europe, écrit Pascal Colas (Réunion Sensations) dans "Le Paradis du canyoning", ouvrage de référence en la matière, où, "même après une période de beau temps, un seul orage violent peut entraîner de soudaines et dangereuses crues", à la Réunion, en raison de "la nature peu homogène du terrain et () la porosité des basaltes favorisant l'infiltration, il faut d'abord que le sol arrive à saturation pour qu'ensuite les pluies soient canalisées dans les canyons". Aussi, continue l'auteur, à l'origine de l'ouverture de nombreuses voies dans toute l'île depuis 1989, "chaque crue est précédée d'une période suffisante durant laquelle toute personne prudente et avisée peut éviter le danger".
Tout l'art est alors d'apprécier le risque
Pascal Colas rapporte que ce danger doit être pris très au sérieux, "les crues réunionnaises pouvant être foudroyantes et d'une rare violence: 550 mètres cubes par secondes pour Langevin (). Les crues peuvent multiplier par plus de mille le débit d'étiage [Ndlr: de leur plus bas niveau] des cours d'eau (). Dans certains passages très étroits comme le bras de caverne [Ndlr : un affluent de la rivière du Mât, venant du renommé Trou de fer], l'eau peut monter d'une quinzaine de mètres (). En quelques minutes, le paysage se transforme en décor d'apocalypse ()"


Lundi 08 Mars 1999

Rivière de Sainte-Suzanne : un touriste italien trouve la mort, 3 personnes sauvées des eaux

Une enquête pour déterminer d'éventuelles responsabilités


Un mort - un touriste Italien âgé de 35 ans - et trois personnes sauvées des eaux en furie par les spécialistes du peloton de gendarmerie de haute Montagne (PGHM). Tel est le bilan de la tragique excursion de canyoning menée par deux groupes de canyoneurs, dans la rivière Sainte-Suzanne, samedi dernier. Une enquête est désormais menée pour déterminer les responsabilités induites par ce drame.

Le corps sans vie du touriste italien, âgé de 35 ans, emporté par les eaux samedi dernier, en début d'après-midi, dans le canyon de la rivière Sainte-Suzanne, a été retrouvé, dimanche matin, vers 7h, face contre terre, à environ 200 mètres de la cascade Niagara. Soit à plus de 4 km du point initial. Par ailleurs, dans la nuit de samedi, vers 23h, les gendarmes du PGHM, réussissaient le tour de force de récupérer, en pleine nuit, trois membres d'un groupe de 11 "amateurs" passionnés de montagne. Ils avaient été surpris le même jour, par "un mur d'eau", et les trois membres de l'équipe avaient trouvé refuge dans l'une grottes, sous une cascade. Le bilan aurait être beaucoup plus lourd confie les spécialiste du PGHM. Retour sur l'opération de secours, dirigé par l'adjudant-chef Hémin, patron du PGHM, et qui a débuté samedi dernier, en début d'après-midi. L'alerte est venue du service départemental d'incendie et de secours (SDIS). Il est question alors de plusieurs personnes bloquées dans le canyon de Sainte-Suzanne à la suite d'une brusque montée des eaux.
Une équipe du PGHM est envoyée sur place et une première reconnaissance est effectuée grâce à l'hélicoptère de la gendarmerie. Les guides de haute montagne se rendent rapidement compte que les conditions d'intervention seront pour le moins difficiles. Le débit de l'eau est très important et de chaque côté de la rivière les berges sont submergées.
Peu temps après cette première alerte, confie l'adjudant-chef Hémin, un nouvel appel du SDIS signale que les canyoneurs en danger sont sortis d'affaire. Ce n'est qu'en fin de fin de journée et cela recoupe la main courante du SDIS, c'est-à-dire, vers 18h, que la situation se gâte. Il est de nouveau question de quatre portés disparus. Le PGHM met alors en branle le plan d'intervention classique. Il est fait appel à un médecin du SAMU, entraîné pour intervenir dans ce genre d'opération, l'hélicoptère est mobilisé, le matériel spécifique pour des interventions de nuit chargé. Deux groupes ont été en fait surpris par un mur d'eau : le premier est composé de 11 personnes. Une équipe "d'amateurs", déclarait hier l'adjudant-chef Hémin. Ils ont débuté leur périple depuis tôt le matin, en amont du bassin Nicole. Lors de la montée soudaine de l'eau, le groupe a été dispersé. Huit d'entre eux ont réussi à gagner la berge et supposent à ce moment que les trois manquants à l'appel se sont réfugiés dans une grotte. Mais aucun témoin direct des faits n'est en mesure de l'affirmer, souligne le patron du PGHM.
Un deuxième groupe, a été également happé par la montée des eaux. Selon les premiers éléments de l'enquête, cinq touristes dont deux Italiens, se trouvaient sous la responsabilité d'un moniteur, employé de la société Jacarandas.
Ce deuxième groupe, totalement indépendant du premier, a démarré la descente du canyon, aux environs de 14h, en aval du premier groupe, au lieu-dit : l"Arche. Ils avaient déjà effectué des descentes en rappel de 5 et de 17 mètres, lorsqu'en l'espace de quelques secondes, ils verront s'abattre un véritable mur d'eau.
Quatre membres de l'équipe s'accrochent comme ils peuvent aux branches et galets et parviennent à se sortir de la des eaux en furie. Néanmoins, le guide et le touriste Italien, Paolo Aniballi, sont entraînés et feront une chute de 25 mètres.

"Le risque zéro n'existe pas"

Selon Renaud Iltis, notamment moniteur fédéral de canyoning et initiateur également, samedi dernier "la rivière Sainte-Suzanne, même présentant un débit supérieur à la moyenne peut, jusqu'à un certain débit, être pratiquée sans danger notoire du fait du profil très ouvert qui permet une évacuation rapide tout au long de la descente", selon Renaud Iltis, samedi dernier, "au milieu de l'après-midi, un phénomène à priori sans précédent a eu lieu". Un phénomène qui s'explique selon lui par "des pluies sûrement très violentes et très localisées, un véritable mur liquide aurait dévalé, tel un raz de marée, les principales rivières " de l'Est. Il en veut pour preuve que "des kayaquistes alors présents sur les rivières du Mât et de Saine-Suzanne ont rapporté ce phénomène les nombreux kayaquistes présents sur les rivières samedi", poursuit-il, "pourront le confirmer un tel phénomène était complètement imprévisible et c'est un miracle qu'il n'y ait pas eu d'autres victimes à déplorer, soit dans leurs rangs, soit parmi les marmailles qui se baignaient aux abords des rivières".
Pour Renaud Iltis, il est vrai et important de souligner que "c'est à la charge de l'encadrant d'assurer au maximum la sécurité d'un groupe mais il faut que les participants admettent que le risque zéro n'existe pas". Il appartiendra néanmoins aux enquêteurs de déterminer si les règles de sécurité de base ont été respectées à la suite du drame qui s'est joué ce week-end dans le canyon de Sainte-Suzanne.

A 20 heures, samedi, alors que les sapeurs-pompiers de Sainte-Suzanne et de Sainte-Marie regagnent leur caserne, le PGHM, équipé de matériels adéquats, projecteurs puissants et étanches, bras télescopique, entreprennent de nouvelles recherches.

LE MONITEUR PARVIENT NÉANMOINS À GAGNER LA BERGE

L'objectif alors de retrouver le plus rapidement possible le touriste italien, d'autant plus que sa combinaison a été retrouvée dans l'un des bassins. Mais finalement, les recherches s'avèrent vaines, remontant le canyon, quatre gendarmes du PGHM, distinguent à travers une cascade, au lieu dit, le saut de Tarzan, un casque brillant. Il s'agit des trois membres du premier groupe. Il est 23 heures, les trois membres du premier groupe portés disparus sont récupérés sains et saufs.
Quelques instants plus tard, il est décidé de reprendre les recherches dès la première heure, dimanche matin, afin de retrouver Paolo Aniballi. Hier matin, une équipe de plongeurs est se rend sur les lieux afin de fouiller divers bassins. En aval du canyon, sapeurs-pompiers de l'Est, gendarmes mobiles, militaires de l'Elément léger d'intervention, (ELI) entreprennent des recherches. Le canyon est confié bien entendu aux 11 hommes du PGHM. Aux environs de 7 heures, l'hélicoptère de la gendarmerie repère un corps inanimé, face contre terre, à 200 mètres des chutes de Niagara. Il s'agit de Paolo Aniballi. Le touriste a été traîné sur quatre kilomètres. Sous la violence de l'eau, une partie de sa combinaison a été arrachée. Le corps est hélitreuillé puis pris en charge par une société de pompe funèbre sur le stade de Bagatelle avant d'être transféré sur le centre hospitalier Félix Guyon de Saint-Denis.
Une autopsie a d'ailleurs été effectuée alors que les gendarmes se chargeaient d'alerter le consul honoraire d'Italie. Ce dernier recevait également hier matin, l'un des amis de la victime, qui avait décidé de passer quelques jours de vacances dans notre île. La famille de la victime, résidant à Rome, était alors contactée.
Hier soir, le consul honoraire déclarait que le rapatriement devrait s'effectuer le plus rapidement possible.
Après la phase de secours pure, une autre mission a été confiée au PGHM. Il reviendra à l'adjudant-chef Roger Hémin de remettre au parquet de Saint-Denis des éléments techniques. Une expertise qui permettra à la justice de déterminer si oui ou non il y a eu imprudence, erreur, mauvaise appréciation des conditions climatiques, du moniteur qui encadrait le groupe de touristes. Le canyon de Sainte-Suzanne est qualifié de "peu engagé". C'est un site qui possède de nombreuses "échappatoires", et certaines portions peuvent être utilisées pour des initiations.
Par ailleurs, d'aucuns s'accordent à dire que la brusque montée des eaux dans le canyon de Sainte-Suzanne, peut être qualifiée d'exceptionnelle. Mais seule l'enquête, d'une part pour l'aspect technique, confiée au PGHM, - qui a d'ailleurs déjà entendu les protagonistes de ce drame - appuyée par les investigations classiques des gendarmes de la brigade de Sainte-Suzanne, permettra de dire oui ou non si ce drame pouvait être évité.
J.-B.C.

REFLEXIONS ET HYPOTHESES CONCERNANT CET ACCIDENT AVEC LE TEMOIGNAGE
"ON-LINE" D'UN MEMBRE DU GROUPE DE 11 CANYONEURS


PAGE SUIVANTE

retour sommaire