CANYON DE TAKAMAKA INTERDIT !

 

 

 

 

Surprise et consternation, c'est scandaleux!
Un arrèté préfectoral interdit le canyoning dans
Takamaka 1. Enfin, pas exactement la descente du canyon, mais juste les quelques dizaines de mètres de la fin du canyon, et de sa sortie évidemment. A l'origine de cette décision, une demande de l'EDF, qui pour des raisons de sécurité et de responsabilités, désirait interdire l'acces à l'ouvrage d'art: le barrage.
Malheureusement, l'arrèté prefectoral d'interdiction est tombé, sans réelle concertation préalable avec les divers interessés (canyonistes et pêcheurs).
La FFME tente une conciliation pour permettre une solution permettant de sortir du canyon, non plus comme auparavant, en rive droite du lac avec passage sur le barrage (totalement interdit maintenant), mais en équipant une voie de remontée en rive gauche (du type via ferrate). De toutes façons, la traversée du lac est interdite, mais surtout très dangereuse du fait des vannes d'aspiration de la turbine !

Espérons qu'une solution soit trouvée et puisse être réalisée (financement?) pour que puisse continuer la descente de Taka 1 que d'aucuns considèrent comme le plus beau canyon de la Réunion...


A défaut de réaction a l'annonce de cette nouvelle, jusqu'à présent, des canyonistes, lisez ci dessous les réactions indignées des pêcheurs.

( Documents Le Journal de l'Ile de la Réunion)

Des kilomètres de la rivière des Marsouins interdits à la pêche et aux randonneurs...


...Le décor, tout d'abord... Située dans l'Est du département, la vallée de Takamaka, sa rivière des Marsouins et ses petits ruisseaux secondaires constituent l'un des plus beaux sites naturels de la Réunion. Vers la fin des années quarante, l'ONF décide d'y lâcher des truites de type arc-en-ciel. Fait rare en France, elles se reproduisent en grand nombre tout en développant une forme d'endémisme, une "personnalité" bien éloignée de celle, fade, des truites d'élevage. Bref, la truite de Takamaka devient une référence...
...Seul gros point noir au développement de l'activité pêche dans les hauts de la rivière des Marsouins, la présence en amont du barrage EDF. Aujourd'hui encore, la direction d'EDF ne peut toujours pas assurer au préfet qu'un lâcher de barrage intempestif ne pourrait pas produire une vague d'eau qui mettrait en danger les pêcheurs. Visiblement soucieux de mettre tout le monde à l'abri - les pêcheurs de la noyade, EDF et lui-même des tribunaux -, le préfet a donc décidé de prendre la décision très impopulaire d'interdire à tous l'accès à "la" rivière à truites de l'Est. Un véritable coup de tonnerre de dernière minute ...

Du côté d'EDF et la Diren, on déclare avoir "apporté tous les éléments au préfet pour que ce dernier prenne sa décision", des éléments qui, dans l'ensemble, invitaient largement le préfet à ouvrir son parapluie. Une interdiction qui fait désormais de cette rivière la propriété quasi exclusive de EDF, que le vice président de la fédération, Thierry Laurens, attaquera bientôt en justice pour non-"respect des débits d'eau réservée sur ses barrages". ...
B.L.

* Article L 232.5 du code pénal : le vice-président de la fédération Thierry Laurens se demande "dans quelle mesure cet arrêté préfectoral (qu'il trouve scandaleux) pourra être appliqué dans la mesure ou l'article L 232.5 du code rural sur les débits réservés n'est pas respecté par EDF" et que "certains barrages ne respectent même pas les décrets d'autorisation parus au J.O le 15 juillet 1984)" selon ses dires.
* L'arrêté préfectoral dont il est question nous a été envoyé de la préfecture hier soir à 19h14, .... des interdictions portent aussi sur la rivière de l'Est, les cours d'eau de Cilaos et la rivière-des-Galets notamment

Commentaire

...Véritable coup de frein au développement des activités de randonnées et de pêche dans la plus belle vallée touristique de la Réunion, cet arrêté préfectoral, complètement décalé par rapport à l'esprit même de la loi sur l'eau, a pour première vocation de couvrir les autorités préfectorales en cas de lâchers d'eau intempestifs du barrage EDF. Une question : n'aurait-il pas fallu exiger d'EDF, désormais roi de cette vallée merveilleuse et unique ...de sécuriser ses installations hydrauliques plutôt que de priver définitivement les Réunionnais d'un site qui leur appartient ? N'aurait-il pas fallu commencer par comprendre le - toujours très obscur - fonctionnement des barrages, dont la construction a jadis transformé les rivières en dépotoirs de ferraille (petite remarque au passage... ). ...
Samedi 2 Octobre 1999


Suite aux remous provoqués par l'interdiction de l'accès

Un débordement de barrage "test" d'ici quinze jours

...Pour (éventuellement) revoir sa position, la préfecture va demander à EDF de provoquer un débordement naturel du barrage de Takamaka 2 pour en étudier les répercutions en aval.

...Pour rappel, ce nouvel arrêté (n° 2662) réglemente désormais très sévèrement toutes les activités pratiquées en aval des nombreuses retenues d'eau exploitée par EDF, allant même jusqu'à interdire complètement l'accès à certaines magnifiques vallées comme celle qui serpente entre les deux barrages construits sur la rivière des Marsouins, .... Raison invoquée : "problèmes de sécurité liés à d'éventuels lâchers de barrages".

NOUVEL ESSAI DE DÉBORDEMENT DE BARRAGE

...A ce sujet, on notera l'extrême discrétion de la Maison de la montagne et du Comité du tourisme de la Réunion vis-à-vis de cette affaire qui prive également les touristes/randonneurs de la charmante balade qui mène à la retenue d'eau de Takamaka 1, très plaisante et sauvage au milieu des goyaviers.
Conscientes d'avoir pondu un arrêté plus extrême encore que les activités sportives pratiquées à Takamaka, les autorités préfectorales ont d'ores et déjà admis la possibilité d'aménager le texte a partir des enseignements que devraient apporter un prochain exercice de "débordement naturel du barrage de Takamaka 2", provoqué par l'arrêt momentané des installations EDF (le barrage se remplirait petit à petit et déborderait naturellement).
Filmée et photographiée dans tous les sens, cette expérience "devrait" précipiter un certain nombre de m3 d'eau par seconde dans la rivière des Marsouins (le débit naturel moyen en amont du barrage est bien inférieur à celui-ci puisque l'Observatoire réunionnais de l'eau annonce des débits moyens annuel équivalent à 3,2 m3 au cours des 5 dernières années, ce qui n'a quant même rien de terrifiant...)
Désormais impossible automatiquement, une ouverture totale et violente des vannes du barrage (70 m3 par seconde !) ne peut se faire qu'avec une autorisation préfectorale en bonne et due forme. Le risque (imprévisible) de débordement de 9m3 d'eau (maxi) par seconde, consécutif à une panne du barrage (totalement improbable mais "possible" selon EDF), constitue donc le seul vrai danger encouru par ceux qui pourraient se trouver en aval. Certes, à la suite de très fortes pluies ou pendant un cyclone, le risque de crue et de débordements massifs serait bien sûr décuplé mais il faudrait être fou à lier pour descendre dans la rivière avec une telle météo..

...Une lecture encore plus approfondie de ce décret nous apprend qu'EDF avait également pour obligation de protéger le site et les paysages (chapitre 3, article 14) et - surtout - de nettoyer complètement les abords du chantier tout en n'oubliant pas de démolir toutes les constructions provisoires utilisées pour les travaux.
Compte tenu des tonnes de matériaux divers (béton, ferrailles, câbles) que l'on retrouve un peu partout dans le lit de la rivière principale et dans les ravines annexes, on peut se demander si tout a été "nettoyé" comme le prévoyait la loi.... Un affaire à suivre.
B.L.
Samedi 9 Octobre 1999


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