RESULTATS DE L'ENQUETE


   
 

 

Voici les résultats de l'enquête de gendarmerie concernant l'accident de canyoning du 6 Mars 99 . les conclusions sont en faveur d'un évènement totalement imprévisible, comme nous le pensions...

Voyez également l'analyse technique des spécialistes sur un plan hydrologique : l'évènement n'est pas exceptionnel ! ...

( Documents Le Quotidien du 15 Avril 99)

LE 6 MARS 99 DRAME DE CANYONING A SAINTE-SUZANNE : La nature seule responsable

Un mois après le drame de canyoning dans la rivière Sainte-Suzanne qui a coûté la vie à un homme, les gendarmes ont bouclé leur enquête. Le rapport qu'ils devraient prochainement remettre au parquet ne fait apparaître aucune responsabilité du club qui encadrait le groupe de touristes.

Vingt-quatre heures après avoir été sauvé, comme ses deux compagnons d'infortune, par l'arrivée des gendarmes du PGHM, Julien Becasse racontait au Quotidien les circonstances qui avaient conduit jusqu au drame une simple excursion de canyoning. "C'est arrivé d'un coup sec. Une seconde avant, ce n'était encore qu'une petite cascade. On pouvait glisser sa tête dessous pour se rafraîchir. Et tout à coup c'est devenu un drapeau d'eau. On n'a rien entendu venir. Pas un bruit». «Je n'accuse personne, continuait ce jeune homme, car nous avions pris toutes les précautions... Si le dois porter plainte, je porte plainte contre la nature"

Ce jour-là vers 15h30 (le 6 mars demier), la rivière Sainte-Suzanne entre brutalement en "furie." Les fortes précipitations qui se sont abattues dans les hauts font, en une seconde, passer son débit de 1m3 /s à près de 80m3/s. Deux groupes se retrouvent prisonniers de ces flots devenus dangereux. Constitué de copains, le premier perd trois membres. Julien Becasse, Jérôme Bousser et Pascal Remeder, qui ont le réflexe de trouver refuge dans la grotte située derrière la cascade Dorisal, font preuve de sagesse et d'intelligence. Ils attendent les secours qui arrivent, dans la nuit du 6 au 7 mars, à les localiser et à les sauver. Le second groupe a moins de chance. L'un des touristes qui ont fait appel au club Jacaranda est emporté par cette « véritable lame de fond». Le corps de cet homme originaire d'italie est retrouvé le lendemain matin, quatre kilomètres plus loin.

Une enquête est immédiatement ouverte pour déterminer les responsabilités du professionnel qui encadrait ces cinq personnes. Confiées aux gendarmes de Sainte-Suzanne, ces investigations auxquelles ont participé les hommes du PGHM, n'ont en l'état établi aucune responsabilité. Le Parquet qui devrait prochainement recevoir les conclusions de l'enquête pourra alors prendre une décision définitive.

Les éléments qui plaident en faveur d'un classement sans suite sont nombreux. Les militaires ont effectivement constaté que le 6 Mars au matin, les conditions météo semblaient tout a fait favorables à une telle excursion.. Alors que le ciel était d'un bleu éclatant, les prévisions n'annonçaient aucune dégradation majeure. Elles envisageaient simplement de la pluie, comme tous les jours. Le moniteur du club Jaracanda, qui avait pris soin de se renseigner avant le départ, ne pouvait donc pas prévoir de telles précipitations, masquées par le relief.. Il est vrai qu'un avis de fortes pluies devait, plus tard dans la joumée, être diffusé dans tout le département. Mais à cette heure-là, le groupe se trouvait déjà engagé dans la rivière Sainte-Suzanne. Par ailleurs, il ne pouvait pas se douter des trombes d'eau qui tombaient alors dans les hauts de 19e, car le relief l'empêchait d'apercevoir les sommets. Les militaires qui ont vérifié que le professionnel possédait tous les diplômes nécessaires pour encadrer un groupe de touristes, ont estimé que les règles de sécurité avaient été respectées. Mais ils se sont néanmoins attachés à analyser les éléments qui auraient pu plaider en faveur d'une responsabilité. Ils ont tout d'abord noté que l'eau avait pris une couleur marron peu de temps avant de changer brutalement de débit. Si un tel phénomène révèle effectivement que des pluies tombent dans les hauts, il ne signifie pourtant pas nécessairement qu'un véritable déluge y fait rage. Descendant dans une ravine plus large que la plupart des autres cours d'eau de l'ile, la rivière Sainte-Suzanne a, en effet, la réputation d'être peu dangereuse puisque le niveau de l'eau y monte beaucoup moins rapidement que dans des canyons plus étroits Les gendarmes ont également entendu le témoin qui, le jour du drame, s'était exprimé dans la presse. Cet habitant des environs avait en effet raconté au Quotidien: « Quand j'ai vu ces gens, je leur ai dit de ne pas y aller parce que la rivière allait descendre. Celui qui les encadrait m'a répondu qu'il savait ce qu'il faisait et je suis parti ». Mais devant les enquêteurs, l'homme a précisé ses déclarations et reconnu que sa mise en garde n'avait pas été si claire que cela. Enfin, les gendarmes se sont intéressés à la topographie de la ravine.

Le jour même du drame, un représentant d'un autre club avait en effet déclaré que les rivières de l'Est étaient en saison cyclonique, trop dangereuses pour des touristes. Cet avis avait déclenché une vive polémique dans le milieu du canyoning. Mais la majorité des moniteurs avait apporté son soutien au club Jacaranda

L'ensemble de ces éléments réu nis plaident en faveur de la thèse d'un phénomène exceptionnel et imprévisible qui pourrait s'expliquer par la rupture d'un barrage naturel. Il reste que la veuve du touriste italien peut toujours estimer que ce drame doit conduire à des poursuites pénales et déposer plainte. Elle pourra, au contraire, faire le choix d'une procédure civile afin de demander réparation pour la mort de son mari.

B. GEOFFROY (Le Quotidien)


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