BRAS MAGASIN : NOUVELLE VERSION

 

 

 

 

 

Rééquipement de Bras Magasin par RicaRic avec une nouvelle ligne de descente proche des cascades


( Documents Le Journal de l'Ile) 8/12/01

Mercredi 5 décembre, les trois canyoneurs, Emeric Beaucheron, Roussel Tiroumalé et Dominique Durand sont descendus en une journée dans le canyon de Bras Magasin, une course qui jusqu'à présent s'effectuait en 3 ou 4 jours.

Il ne s'agit pas d'une ouverture à propre parler, puisque Pascal Colas l'avait déjà parcourue et équipée en 1992. Toutefois, la voie topographiée par Emeric Beaucheron, spéléologue et canyoneurs expérimenté, n'a plus rien à voir avec la première version, qui passait au beau milieu de la forêt donc pas vraiment au cour du canyon. Jusqu'à aujourd'hui, la course de Bras Magasin avait d'ailleurs plutôt mauvaise réputation parmi les pratiquants, qui ne s'y aventuraient presque plus. Les équipements, c'est-à-dire les ancrages métalliques dans lesquels passent les cordes ne facilitaient d'ailleurs pas vraiment la tâche, car ils étaient difficiles à trouver au milieu d'une abondante végétation, qui compliquait également leur repérage. "Si nous avons pu faire cette voie en une journée, c'est surtout grâce au nouvel équipement mis en place par Emeric, et à l'utilisation de techniques nouvelles, par exemple les cordes de 8 millimètres, au lieu de 10,5. Ainsi nous avons pu considérablement nous alléger", explique Dominique Durand.
Aujourd'hui, le nouvel équipement fixé sur la roche, permet aux pratiquants de descendre dans le canyon, et à proximité des cascades.
Cependant la descente s'est faite en deux étapes. Lors de la première sortie qui a duré trois jours, Emeric Beaucheron a installé 60 ancrages métalliques dans la roche, et ce n'est qu'ensuite que la course a été effectuée. "Ce n'est plus du tout le même parcours", ajoute-t-il.

SENTIMENT D'HUMILITÉ

Bien que ne durant plus qu'une journée, la course de Bras Magasin n'a rien d'une promenade du dimanche, et avait un petit parfum d'aventure, même si modestement Dominique Durand tient à préciser "ce n'est pas un exploit, bien que le parcours soit assez technique et la marche d'approche difficile".
Partis de La Plaine-des-Palmistes au lever du jour, les trois compagnons ont suivi le sentier de Bras Cabot jusqu'à Bras Magasin. Après une heure et demie de marche d'approche, ils vont enfin pouvoir commencer leur parcours, d'un dénivelé de 1150 mètres, ponctué de 25 rappels, de traversées de cascades, et de multiples manouvres de cordes. "Je suis persuadé que cette course va devenir un classique. Le paysage est fabuleux, c'est un mélange de minéral et de forêt primaire. Quand on est en bas, on a un sentiment d'humilité très fort face à la nature, on se sent tout petit. Et puis combien d'hommes sont déjà passés par là ?", s'émerveille encore Dominique Durand.
La nouvelle version de Bras Magasin devrait séduire plus d'un canyoneur à la recherche de nouvelles voies, mais que l'on ne s'y trompe pas, il s'agit d'une descente réservée aux personnes expérimentées, qui maîtrisent bien la technique du rappel.
"Cette expérience va bien au-delà de faire un canyon, c'est aussi une façon pour nous de faire connaître cette pratique et permettre aux gens de venir découvrir ce lieu", précise-t-il. En effet, aujourd'hui, la Réunion dispose de très nombreux canyons, mais très peu d'entre eux sont équipés, et il y a assez peu de pratiquants locaux. Pour Dominique Durand, également professeur d'éducation physique au LEP de Vue-Belle, et vice-président de la Maison de la montagne, "le canyoning est un fort potentiel touristique pour la Réunion, car on peut le pratiquer toute l'année et sur de nombreux sites. Il faut donc que les municipalités, mais aussi la Région en prennent conscience. Et il serait souhaitable qu'elles investissent de l'argent dans les activités de pleine nature, car beaucoup de gens viennent sur l'île spécialement pour ça."
Si aujourd'hui le nouveau parcours est officiellement topographié, et l'équipement posé, il faudra toutefois attendre la fin de la saison des pluies, et d'éventuels éboulements pour avoir la ligne définitive. Cependant, la voie à peine terminée, la nouvelle a fait l'effet d'une traînée de poudre, et certains n'ont pas résisté à l'appel d'une voie probablement bientôt aussi mythique que le Trou de fer.

Sophie Harmand


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