BASE JUMP DANS LE TROU DE FER

   
 

 

( Documents Le Journal de l'Ile )


La saut de falaise, vous connaissez ? Le "base jump" pour les initiés. Une discipline
sportive plutôt intense question sensations, et qui consiste à se jeter dans le vide du haut d'une falaise, à se transformer en oiseau pendant 4 secondes, et à effectuer un atterrissage en douceur sur un espace forcément limité. Lundi, trois parachutistes confirmés ont réussi la performance de réaliser un saut de base jump dans le Trou de fer, à Salazie.

L'arrivée va être délicate. Un petit plateau verdoyant de cinq mètres sur cinq, entouré par des falaises et d'énormes galets. Il s'agit de ne pas se louper. Mais ça fait partie des risques. Comme à l'ouverture du parachute, quand la voile s'inverse et plaque le chuteur contre la falaise. Ou comme lorsqu'une rafale de vent tourbillonnant s'engouffre dans le parachute et le dévie de sa trajectoire. Et sur ce site salazien, il faudra être particulièrement attentif à ne pas se faire prendre par le souffle de la chute d'eau toute proche. Alors pas question d'inconscience dans cette affaire. Tout est minutieusement préparé et calculé. "Nous ne sommes pas des trompe-la-mort", affirme Loïc Jean Albert. "On ne défie rien ni personne. Si on pouvait réduire le risque à zéro, on le ferait. On est là avant tout pour se faire plaisir".

Expédition canyon incontournable

Debout sur le troisième cassé du Trou de fer, les pieds au bord du gouffre, avec 200 à 220 mètres d'à-pic vertigineux comme seul horizon, Loïc n'a pas d'état d'âme particulier. Il est juste concentré, calculant chaque détail, anticipant son saut et se remémorant chaque étape. Raph et Val, ses deux compagnons de saut, viennent de s'élancer et de rejoindre le sol avec succès. C'est donc son tour, et sans plus de tergiversations, il se jette dans le vide, dopé par une brutale sensation d'accélération. Quatre secondes de chute libre. C'est peu et beaucoup à la fois. Assez en tout cas pour en prendre plein la vue et plein les tripes. Assez pour profiter d'un moment de bonheur bref, mais tellement intense. Même pour un professionnel, parachutiste confirmé, et largement rodé à cette technique extrême du "base jump", le saut de falaise.
L'opération, initiée par Loïc Jean Albert, était en gestation depuis trois ans. Mais jusqu'à ce mois d'octobre, impossible de la réaliser, les conditions techniques et climatiques n'étant jamais réunies. Voilà qu'Émeric Beaucheron, canyoniste professionnel, se met de la partie, séduit par l'idée "d'éclate" de Loïc. Le garçon est aguerri au terrain réunionnais, et a rééquipé le Trou de fer en lignes directes et franches depuis longtemps. L'ouverture est enfin là. Car l'accès au Trou de fer ne peut se faire que par l'intermédiaire d'une expédition en canyon. Les chuteurs en sont conscients et déjà amateurs d'escalade, ils sont prêts à tenter l'expérience. C'est donc le responsable de Ric-à-Ric qui monte l'expédition et guidera la petite troupe (David, cameraman, Roussel, assistant canyon et Mathieu, canyoniste et médecin) et les trois fondus de base jump jusqu'à leur point de départ, le troisième cassé de la falaise du Trou de fer. Pas facile de trouver une verticale adéquate à la Réunion, mais celle-là, Loïc l'a rapidement jaugée : c'est la bonne. Plus de 200 mètres de tombant et un petit plateau de bivouac pour le posé, une des phases les plus délicates du saut. Avec une porte de sortie dans l'eau toute proche, au cas où. Sur site à 7 h du matin lundi, ils leur faudra environ trois heures de descente en rappel pour atteindre le promontoir duquel il se précipiteront dans le vide (localisé lors d'un repérage grandeur nature en début de mois). Le temps que les filmeurs prennent position et que le reste de l'équipe se mette en place à la réception, les trois parachutistes se concentrent. Puis s'élancent dans le vide, un après l'autre.
Impressionnant. Hallucinant. Même pour ceux qui sont restés en bas, et qui observent les chuteurs le cour battant. Ou encore, pour le cameraman placé à flanc de paroi, qui entend passer les chuteurs dans un grand "vlooouff !". Les parachutes monovoiles, conçus spécialement pour ce type de pratique, se sont ouverts au dernier moment. C'était prévu. Et tout s'est bien passé. Ils ont réalisé une première, le savent, mais n'en tirent pas de gloire particulière. Juste un gros, gros, plaisir qui leur colle un sourire radieux sur le visage.  Valérie Koch / A.D.  15 Novembre 2001

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