Réouverture du canyon de bras Rouge
   
 

 

( Documents Le Journal de l'Ile )


1 - Rappel de l'Affaire

Un des canyons star du cirque de Cilaos, Bras-Rouge, est fermé par arrêté préfectoral. Mais un groupe de canyonistes brave l’interdit, arguant de l’ineptie de cet arrêté. Ils sont dénoncés par un tiers. Et le procureur poursuit les leaders canyonistes pour “mise en danger de la vie d’autrui et risque de mort immédiate”. Résumé de l’affaire avant jugement

Ambiance glauque dans les canyons réunionnais

Le 3 avril 2002, une randonneuse trouve la mort dans le lit de la rivière Bras-Rouge, à Cilaos, touchée par une chute de pierres. Afin de parer à tout danger, le préfet signe un arrêté visant à interdire la fréquentation des lieux.
Le 25 juillet 2002, la ministre de l’Outre-mer Brigitte Girardin, en visite dans l’île, préside à Cilaos un séminaire sur le développement touristique. A cette occasion, Dominique Durand, professeur d’éducation physique, moniteur de canyonisme et vice-président de la maison de la montagne, évoque devant le préfet Gonthier Friederici la nécessaire levée de l’arrêté préfectoral qui interdit la pratique du canyonisme dans le lit de la rivière Bras-Rouge “alors qu’il n’y a pas danger”, estime Dominique Durand. “Le préfet m’a dit qu’il ne voyait plus de raison de maintenir un tel arrêté et a demandé au sous-préfet de Saint-Pierre d’étudier la question de sa levée. “

Autorisation pour le BRGM

Le 9 novembre 2002, Dominique Durand, croyant que la machine administrative a entendu son souhait, encadre une formation de moniteurs dans le canyon interdit avec l’aide d’Émeric Beaucheron, un des professionnels de la place. Passe Philippe Gaboriaud, conseiller technique du comité régional de la Fédération française de la montagne et de l’escalade (FFME). En voyant que le groupe s’est introduit dans le canyon de Bras-Rouge, il contacte la gendarmerie. Dominique Durand et Émeric Beaucheron sont aujourd’hui poursuivis pour “mise en danger de la vie d’autrui et risque de mort immédiate.” Ils seront entendus cet après-midi par le tribunal correctionnel de Saint-Pierre. Pour Dominique Durand et Émeric Beaucheron, cette action judiciaire est une aberration. Dominique Durand y voit “un malentendu. Il n’y avait pas de mise en danger de mon groupe. Le canyon à cet endroit est sain, il n’y a pas de chutes de pierres contrairement à l’endroit où la randonneuse a trouvé la mort. D’autres canyons plus dangereux sont ouverts à la pratique du canyonisme malgré des accidents liés aux chutes de pierres ayant nécessité l’intervention des secours. Et puis, il n’y a eu aucune expertise sur Bras-Rouge à proprement parler. Quant au danger lié aux chutes de pierres, il ne doit pas concerner tout le monde puisque le BRGM a obtenu une dérogation préfectorale pour mener dans le canyon une enquête sur les sources d’eau chaude.” Émeric Beaucheron, gérant de la société Ric à Ric, a sensibilisé l’ensemble du monde du canyonisme en faisant circuler une pétition en faveur de la levée de l’arrêté de la discorde. “Tous les professionnels sauf un ont signé. De nombreux pratiquants ont également signé. Nous avons besoin que ce canyon soit rouvert.”
Pour la Fédération de la montagne et de l’escalade, Sylvain Gautier, responsable de la commission canyonisme, estime qu’il n’a pas “à entrer dans le jeu de la polémique. Nous travaillons en concertation avec les autorités, dont la maison de la montagne, pour faire lever cet arrêté préfectoral.”
Si les objectifs semblent identiques, les pratiques pour faire lever cet arrêté diffèrent. En ce qui concerne la sortie interdite du 9 novembre, le jugement, après l’audience d’aujourd’hui, devrait être prononcé prochainement.
Fabien Laroche  article du 7/10/03

Canyoning : Bras Rouge devrait être rouvert

Le canyon de Bras Rouge, au fond du cirque de Cilaos, qui fait l’objet d’une interdiction par arrêté préfectoral, devrait être rouvert dans un proche avenir. C’est en tout cas l’avis unanime émis par la commission départementale consultative de canyoning au cours de la réunion qui s’est tenue hier matin à la Préfecture. L’ensemble des acteurs du monde du canyoning à la Réunion, administrations, fédérations sportives et professionnels se sont accordés sur l’ineptie de cette interdiction. L’arrêté avait été pris sans concertation ni étude préalable à la suite de la mort d’une randonneuse dans le fond de la rivière Bras Rouge. Dernièrement, un groupe de canyonistes engagé dans le canyon interdit avait été dénoncé et doit comparaître devant le tribunal correctionnel de Saint-Pierre en décembre. La commission départementale consultative de canyoning a également décidé de poursuivre son travail de recensement de l’ensemble des canyons existants, qu’ils soient ouverts, autorisés, interdits ou encore vierges.
Enfin, une importante négociation est engagée autour du conventionnement du canyoning. Qui est autorisé à poser des amarrages dans les canyons réunionnais ? La maison de la montagne, en coordination avec la fédération française de la montagne et de l’escalade (FFME) et la fédération française de spéléologie, a postulé. La FFME a également déposé une offre en son nom propre. Une nouvelle réunion est prévue en décembre. D’ici là, le préfet pourra se prononcer sur l’avis émis par cette commission. La réouverture du canyon de Bras Rouge est entre ses mains.
Fabien Laroche article 31/10/03

2 - Jugement Affaire Bras-Rouge : relaxe

Dominique Durand et Émeric Beaucheron étaient jugés hier par le tribunal correctionnel de Saint-Pierre pour avoir organisé le 9 novembre 2002 une sortie canyoning à Bras-Rouge, alors qu’un arrêté préfectoral en interdisait la pratique à cet endroit. Ils ont été relaxés.



Relaxe pour les deux canyonistes de Bras-Rouge (article 19/12/03)

Le 9 novembre 2002, une douzaine de moniteurs de canyoning en formation participaient à un stage organisé par l’Éducation nationale et encadré par Dominique Durand, moniteur fédéral de 41 ans et responsable de l’expédition, et Émeric Beaucheron, 39 ans, assistant technique. L’ensemble des participants savaient que le lieu choisi pour cette formation, le canyon de Bras-Rouge à proximité de Cilaos, faisait l’objet depuis le 4 avril 2002 d’un arrêté préfectoral interdisant le canyoning à cet endroit, une randonneuse ayant été tuée la veille, le 3 avril, par une chute de pierre dans le lit de la rivière.
Hier, les deux prévenus devaient répondre de “mise en danger d’autrui (risque immédiat de mort ou d’infirmité) par violation manifestement délibérée d’une obligation réglementaire de sécurité ou de prudence.” Le jour des faits, l’expédition avait descendu la partie inférieure du canyon de Bras-Rouge sans encombre. Mais un témoin, ayant aperçu les participants, les avaient dénoncés à la gendarmerie. Les deux prévenus, qui assuraient eux-mêmes leur défense, ont plaidé leur bonne foi à la barre en assurant que l’arrêté préfectoral était injustifié. “L’arrêté pousse le principe de précaution au paroxysme”, a martelé Dominique Durand, pour qui l’interdiction résultait “d’une décision prise dans un bureau par quelques responsables administratifs qui ont brièvement survolé la zone en hélicoptère et fait une étude sommaire sur les cartes”.

“Acteurs administratifs trop zélés”

Documents à l’appui, le responsable de l’expédition n’a eu de cesse de prouver au tribunal que l’arrêté reposait sur des critères erronés, en premier lieu la zone géographique excessive selon eux qu’il couvrait. “La partie que nous avons pratiquée ne comportant aucun danger, nous n’avons donc pas fait courir de péril imminent aux participants”, a expliqué Dominique Durand, statistiques du Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) à l’appui. Autre point soulevé par la défense, le manque de concertation des services de la préfecture : “Le préfet n’a jamais pris la peine de consulter le maire de Cilaos sur ce sujet, sinon il se serait rendu compte qu’il était opposé à cet arrêté. La décision a été prise sans aucune concertation avec les gens du milieu du canyoning.” Les deux prévenus ont également mis l’accent sur l’arrêté pris le 10 novembre dernier, qui ouvre à nouveau 95% de la zone de Bras-Rouge au canyoning, dont la partie qui avait été parcourue par l’expédition du 9 novembre 2002. “Cet arrêté nous donne bien raison”, a souligné Dominique Durand, pour qui “l’information des gens vaut mieux que l’interdiction.” “Quand on considère un arrêté illégal, il y a des procédures à suivre pour le faire modifier”, a noté dans son réquisitoire le vice-procureur Georges Gardi, soulignant que cet arrêté avait été pris en toute connaissance de cause “pour la protection des citoyens”. Requérant 1000 euros d’amende à l’encontre des deux prévenus, le ministère public a estimé qu’il y avait bien eu mise en danger de la vie d’autrui. S’étonnant “qu’aucun procès-verbal n’ait jamais été dressé dans le canyon de Bras-Rouge alors que de nombreuses personnes s’y rendaient”, Dominique Durand a souhaité que des décisions de ce type, “qui concernent de centaines de citoyens, ne soient plus prises par quelques acteurs administratifs trop zélés.” Le tribunal a donné raison aux deux prévenus en prononçant leur relaxe.

3 - Le Canyon de Bras Rouge réouvert !

L’un des deux canyons phares du cirque de Cilaos, Bras rouge, devrait être rouvert aujourd’hui. Un nouvel arrêté préfectoral doit lever l’interdiction qui fermait l’une des rivières préférées des canyonistes.

Ouverture de Bras-Rouge (article 13/11/03)

Le préfet devrait notifier aujourd’hui à la mairie de Cilaos, à la Civis (communauté de communes dont Cilaos fait partie), aux professionnels du canyonisme et aux fédérations sportives concernées la réouverture partielle du site de Bras rouge, au fond du cirque de Cilaos.
Suite au décès d’une randonneuse dans le fond de la rivière Bras rouge, le 3 avril 2002, la préfecture avait interdit l’accès aux canyons de Bras rouge supérieur et inférieur ainsi qu’aux falaises d’escalade du piton de Sucre et de Bras rouge le lendemain de l’accident mortel, dû à l’effondrement d’un éperon rocheux dont les éclats avaient atteint la victime.
Dès lors, de nombreuses voix s’étaient élevées contre cet arrêté préfectoral qui pénalisait les professionnels de la descente de canyons et les fédérations sportives concernées, Bras rouge étant avec le canyon des Fleurs jaunes l’un des deux parcours les plus prisés du cirque.
La situation s’est exacerbée lorsqu’un groupe, empruntant l’un des deux canyons interdits, a été dénoncé par un tiers et se trouve convoqué devant la justice pour “la mise en danger de la vie d’autrui et risque de mort immédiate.“

Excellent compromis

Lors de sa dernière réunion le mercredi 29 octobre, la commission départementale en matière de canyonisme a émis à l’unanimité un avis favorable à la levée de l’interdiction portant sur la pratique du canyonisme dans le secteur visé. Le nouvel arrêté qui devrait être notifié aujourd’hui lève l’interdiction de la pratique du canyonisme dans le lit de la rivière Bras rouge en amont du bassin Fouquet, ce qui revient de facto à rouvrir les canyons de Bras rouge supérieur et de Bras rouge inférieur jusqu’à ce bassin. Sont également rouvertes les grandes voies d’escalade du piton de Sucre. Seule la falaise de Bras rouge en aval du bassin Fouquet reste interdite en raison du risque de chute de pierres. Pour Philippe Duval, responsable du service de la sécurité civile, “ce texte est un excellent compromis. On donne satisfaction aux pratiquants et en même temps, la sécurité publique n’est pas sacrifiée puisque la zone dangereuse restera interdite.”
• Petite nouveauté
À l’entrée des canyons sera posé un panneau signalant “Canyon - Terrain d’aventure. Attention danger. Risque de montée des eaux en cas de fortes pluies. Accès réservé aux pratiquants avertis, casque et équipements obligatoires.” Ce panneau sera généralisé à l’entrée de la centaine de canyons ouverts dans l’île.

 

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