EXPEDITION GROS-MORNE / RAVINE BACHELIER

( SUITE 4 )

 

 

 

 

 


EXPÉDITION DE PASCAL COLAS

Manuel Prud'homme rejoint la troupe


Opération acrobatique hier dans les gorges de la ravine Bachelier. Profitant du beau temps, un Ecureuil d'Héli Lagon a approché l'expédition. A bord de l'hélicoptère, Jean-Marie Lavaivre, le pilote, un mécanicien et Manuel Prud'homme, qui avait été obligé dans les premiers jours de l'expédition de déclarer forfait en raison d'une grippe tenace. Il a pu sauter de la machine en stationnaire et rejoindre ses compagnons. Ce renfort va s'avérer précieux. Outre le fait que Manuel Prud'homme était le caméraman de l'expédition, il va pouvoir immortaliser la descente du canyon, ce sixième homme va prendre sa part du transport du matériel et de l'approvisionnement. Jusque-là, ils étaient cinq à transporter 18 sacs d'où de nombreuses manuvres de cordes. Ainsi hier, l'équipe n'a progressé "que" de 100 m, passant de 2 250 m, d'altitude à 2 150 m multipliant les franchissements de petits ressauts qui ralentissent la descente. Pour la première fois, Pascal Colas et ses compagnons ont endossé leur combinaison. La progression va se poursuivre aujourd'hui dans des gorges étroites où la température de l'eau est de 12°C. A noter que l'hélicoptère a pu récupérer des films montrant les débuts de la progression. Nous devrions être en mesure dans les jours à venir de vous montrer les premières images de cette exploration de la ravine Bachelier. La date de la sortie n'est pas exactement fixée. Un peu comme un voilier en course, elle va largement dépendre des aléas éventuels du parcours.
A.D.


EXPéDITION DE PASCAL COLAS

Quatre cascades franchies hier

Alors que l'expédition n'avait progressé "que" de 100 m mercredi, hier 800 m ont été parcourus. Les découvertes scientifiques se poursuivent.
A 2 150 m mercredi soir, Pascal Colas et ses compagnons ont bivouaqué hier soir à 1 950 m d'altitude à l'aplomb d'une cascade de 100 m. L'équipe, renforcée par le retour de Manuel Prud'Homme, a parcouru 800 m dans la journée, franchissant quatre cascades dont deux de 70 et 60 m de haut. Le moral de l'expédition se maintient au beau fixe, comme d'ailleurs les conditions météorologiques qui restent acceptables, mais la fatigue commence à se faire sentir.
Sur le plan scientifique de précieux renseignements continuent à être engrangés. "Comme lors de la descente du Bras du Parc en 1996, rapporte l'ornithologue Jean-Michel Probst, nous avons remarqué la relative abondance du moutardier, en diminution ailleurs dans l'île. Nous avons également deux records d'altitude, le premier pour le merle "pays" observé à 2 250 m, le second pour deux couples d'hirondelles de Bourbon à 2 000 m. Avec l'apparition de la forêt, les collectes d'insectes et de mollusques sont maintenant plus conséquentes".
Des prélèvements hydro-biologiques ont été faits aux sources de la ravine Bachelier. Ils seront confiés à l'Observatoire réunionnais de l'eau. "Concernant la flore, indique le botaniste Frantz Limier, la dernière journée a marqué la transition entre les branles d'altitude et une végétation de zone humide de moyenne altitude avec augmentation notamment des orchidées. On peut dire que la "lisière" des deux formations végétales se situe vers 2 050 m avec cohabitation de deux espèces protégées d'hétérochaenia".
A.D.


EXPÉDITION DE PASCAL COLAS

Les premières photos

Récupérées par un hélicoptère mercredi, voici l'une des premières photos de l'expédition de Pascal Colas dans la ravine Bachelier. Jacques Mouries, l'un des photographes de l'expédition, a immortalisé dans les gorges et de gauche à droite, le botaniste Frantz Limier, le médecin photographe Jean-Luc Cheron et l'ornithologue Jean-Michel Probst.


EXPÉDITION DE PASCAL COLAS

Une sortie "prévue" lundi

Pascal Colas et ses compagnons ont bon espoir d'atteindre la Source Pétrifiante au-dessus de Trou blanc en fin de journée aujourd'hui ou lundi. Vendredi soir, la communication par portable n'a pu être établie. "Nous avons passé deux jours dans une gorge très encaissée faisant tout au plus trois à quatre mètres de large, a indiqué hier soir le chef de l'expédition. Heureusement, les conditions météorologiques sont bonnes car nous aurions eu sans doute de grosses difficultés en cas de pluie. Le canyon est tellement étroit que la végétation, très dense, masque le ciel au-dessus de nous. Vendredi soir nous avons terminé à la frontale par le franchissement d'un toboggan. Sous la lune, c'était extraordinaire". Les scientifiques du groupe ont repéré deux, voire trois espèces d'heterocaenia. Hier soir, les membres de l'expédition bivouaquaient à 1 550 m d'altitude exactement sous le "R" de Bachelier sur la carte au 1/ 25 000e. Le moral est toujours excellent, mais la fatigue se fait sentir.
Alain Dupuis


PASCAL, JEAN-LUC, JACQUES, HERVÉ, FRANTZ, JEAN-MICHEL ET MANUEL

Ils ont vaincu la ravine Bachelier

L'expédition conduite par Pascal Colas a conclu hier par un rappel de 60 m la première exploration de la ravine Bachelier. Au-delà de l'exploit sportif que constitue cette ouverture, menée en 19 jours en autonomie complète, les scientifiques ont fait une ample moisson de précieux renseignements sur la faune et sur la flore.

«La prochaine fois nous sortirons par là". En 1996, au terme de la première exploration du Bras du Parc, Pascal Colas et ses compagnons s'étaient promis de mener à bien la descente de la ravine Bachelier rejoignant le Bras du Parc à hauteur de la Source pétrifiante au-dessus de Trou Blanc dans le cirque de Salazie. C'est chose faite depuis hier. Le jeudi 4 juin, Pascal Colas, guide de montagne, Frantz Limier, botaniste, Manuel Prud'homme, caméraman, Jacques Mouriès, photographe, Jean-Luc Chéron, médecin et photographe et Jean-Michel Probst, ornithologue, quittent Cilaos. Depuis, nous vous avons fait vivre au jour le jour cette expédition qui en passant par le Piton des Neiges et le Gros Morne a conduit la première exploration de la ravine Bachelier. Au terme de 19 jours de descente en autonomie complète, le précédent record date de l'exploration de la rivière des Roches, 14 jours, Pascal Colas et ses compagnons ont atteint la Source pétrifiante. Les traits tirés, le visage mangé par la barbe mais souriants ils ont poursuivi la descente de la ravine pour sortir à l'aplomb de Trou Blanc pendant qu'une partie de leur matériel empruntait le sentier sur les épaules de quatre jeunes porteurs renforcés de deux guides "pays" dans la dernière partie Ludovic Grondin et Laurent Técher. .
"L'un des moments forts de cette expédition a été l'équipement de la "Tour du Grand Saisissement", confie Pascal Colas. Je l'ai équipée en "aller-retour", de manière à ouvrir une nouvelle voie vers le Gros-Morne.
Cela donne du caractère à cette course qui devient plus aérienne et plus impressionnante. Elle va devenir une référence. Pour le reste, l'ouverture de la ravine Bachelier a été techniquement facile. Lors de précédentes descentes de canyons nous avons rencontré des obstacles plus importants. La plus grande cascade que nous ayons eu à franchir faisait 100 m de haut. Cela s'est fait sans problèmes. Nous n'avons pas eu à effectuer de relais en paroi. Le challenge a été de tenir 19 jours.
Heureusement, le temps s'est maintenu au beau, nous permettant de descendre en toute tranquillité sans avoir à nous préoccuper d'une éventuelle montée des eaux liée à la pluie. Il n'a plu qu'une seule journée, celle que nous avions choisie pour nous reposer. Nous avons par contre souffert du froid les premiers jours".
Frantz Limier, le botaniste, et Jean-Michel Probst, l'ornithologue, ont effectué des observations intéressantes en terme de faune et de flore. "Nous avons découvert une très grande station d'hetero chaenia ensifolia, une petite plante d'un mètre, 1,50 m de la famille des campanules, entre 1 800 et 2000 m. C'est une bonne nouvelle, car il s'agit d'une espèce protégée que l'on croyait très rare or nous avons trouvé plusieurs centaines de pieds. De même, la senecio squamosa dont nous avions repéré une quantité importante dans le Bras du Parc entre 2 700 et 2800 m est également très abondante dans la ravine Bachelier. La rivalsi qui semblait se limiter dans une frange d'altitude nous a accompagné jusqu'à la Source pétrifiante.
J'ai ramené quelques échantillons de plantes non déterminées. Enfin, cette expédition nous a permis de recaler à la hausse ou à la baisse, les limites d'altitude de beaucoup d'espèces. Nous avons ainsi trouvé une orchidée à 3 000 m d'altitude".
L'ornithologue Jean-Michel Probst, qui s'attendait à ne pas voir grand chose en raison de la saison, a découvert deux des plus importantes colonies de pétrels de Barau connue à ce jour."Il y avait au bas mot un millier de terriers, confirme Jean-Michel Probst. Elles dépassent largement en nombre les neuf que nous avions identifiés en 1995. A oiseau endémique, milieu endémique. La forêt est 350 m plus haut dans la ravine Bachelier que dans le Bras du Parc.
La question que je me pose est pourquoi dans ce milieu plus favorable que la Roche Ecrite le tuit-tuit n'est pas présent. Enfin, cette descente me permettra de compléter la carte de répartition des espèces que je suis en train de dresser". Les membres de l'expédition ont par ailleurs noté la présence importante de chats harrets qui s'attaquent aux pétrels de Barau.
Deux espèces nouvelles de mollusques et de nombreux insectes ont également été collectées. Enfin, un prélèvement d'eau a été effectué à la source de la ravine Bachelier. Il sera analysé par l'Observatoire réunionnais de l'eau.
Alain Dupuis

   

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